Day 142
English
The winter of this first year of the project is certainly coming to an end. For the last little while, it has been particularly difficult to get a shot with any trace of snow to reinforce the imagery, but with spring almost here I am not looking forward to a long series of months in which, without the photo project as an excuse, it will be difficult for me to run away from the unrest in myself along thousands of kilometres of Autobahn and autoroutes.
I make one more attempt at the place where, in September 1944, for the first time in the war, the Americans took a German municipality of significance: Roetgen. In a wood to the south of the village, there is an anti-tank barrier that is extraordinary in the sense that a section of it crosses a river.
The German dragon’s teeth are by no means the same as the Italian ones. Their geometry is as hard as rock. Here and there, they stick out of the earth that is covered with leaves, but beneath the ground they are connected to each other via concrete arms and the entire construction comes to the surface above the river. The hard angular shapes are in stark contrast to the organic shapes of the trees. Rigidity in contrast with vitality.
Although I had totally different conditions in mind for the series, I cannot help but enjoy the warmth of the sun on my skin and the physical effort at the relatively steep location.I feel a childlike joy rise within me when I descend the slope like a goat towards the river while trying not to come thundering down with all my expensive equipment.With the benefit of hindsight, it would not surprise me much if this is the microscopically small and imperceptible turning point that will ultimately lead to my recovery.
French
L’hiver qui vient clore cette première année du projet touche à sa fin. Ces derniers temps, il m’a été particulièrement délicat d’intégrer la neige comme élément visuel à mes clichés, mais avec le printemps qui arrive, je redoute encore plus les longs mois au cours desquels il me sera difficile de fuir l’agitation qui m’habite en parcourant des milliers de kilomètres sur des autoroutes, faute de projet photo pouvant me servir d’excuse.
J’entreprends une dernière tentative à l’endroit où, en septembre 1944, les Américains ont pour la première fois pris une ville allemande importante : Roetgen. La forêt au sud du village abrite une spectaculaire barrière anti-char qui enjambe une rivière.
Les dents du dragon allemand n’ont rien à voir avec celles de l’italien. Elles sont dures comme la roche. Ici et là, elles dépassent du sol jonché de feuilles, mais sous terre, elles sont reliées par des bras de béton. L’ensemble de la structure remonte à la surface au-dessus de la rivière. Ses poutrelles anguleuses et dures contrastent fortement avec les formes organiques des arbres. La rigidité s’oppose au vivant.
Bien que j’aie envisagé des conditions complètement différentes pour cette série, je ne peux m’empêcher d’apprécier la chaleur du soleil sur ma peau et l’effort physique qu’exige cette pente relativement raide. Je sens monter en moi une joie enfantine tandis que je descends, tel une chèvre, vers la rivière en essayant de ne pas tomber avec tout mon matériel hors de prix sur le dos. Avec le recul, je ne serais pas surpris que cet épisode marque le point de basculement infime et imperceptible qui mènera finalement à ma guérison.