Day 561

English

I don’t know if it is due to the lovely weather, but I can feel something flowing somewhere hidden deep below the ground in the caverns of my frozen emotional life.  I have let go of the long period of waiting for snow, the hope of something that will no longer come.  It is not what I had in mind, but it is what it is.  Now that I have actually given up the idea of a series of photos in snowy landscapes, some pressure is being released from my shoulders.

But it can’t only be that.  I must have also gained the confidence somewhere that I will continue to hold on to life, however crooked the path may be, however lost I may be on that path, however confused I may have felt, or however frightening some moments may have been.  Death feels further and further away.  And worse than death, the fear of losing control.  Perhaps consciously giving up control is in fact the ultimate expression of confidence in life.

I pick up the model for this session from Dunkirk station.  The beach where we are going to do the photo shoot is only a few minutes’ drive further.  It is very sunny but because we are taking photos on the beach, the bright sunlight does not present too many problems.  The beach acts as a natural reflector.  This avoids harsh shadows and as a result the image still fits into the series in terms of contrast and palette, despite the bright light.

We take photographs by a bunker that has been changed into an artwork.  An artist spent months sticking small pieces of mirror onto the bunker, so that the whole thing now takes on the colour of the surroundings, the golden yellow sand, the blue sky, the colour of the sea and the grass in the dunes.  It is the first location in which not only nature but man too is concealing the traces of the past from view.  Something terrible happened in the past.  A generation or two later, an artist takes control, takes ownership of the remains and changes these in such a way that the horror is concealed from view.  And if we but search closely enough, we will see only ourselves reflected in it.  Art is also a way of living with what is unbearable.

Bathers have complained about nudity on the beach and we are told to leave.We walk on through the dunes towards the north.The weather is starting to get overcast; the rumble of thunder is audible in the distance.Not ideal for a photo shoot on a beach but the light is becoming dramatic.By now we have walked on so far that the beach is practically empty.In the distance there is a bunker in the sand, like a relic of a bygone era.It is a post-apocalyptic sight. I take the photo here.

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French

Je ne sais pas si c’est à cause du beau temps, mais je sens quelque chose qui cède au fond de moi, dans les profondeurs de ma vie émotionnelle figée. J’ai renoncé devant l’attente interminable de la neige, l’espoir de quelque chose qui ne viendra plus. Ce n’est pas ce que j’avais en tête, mais c’est ce que j’ai trouvé. Maintenant que j’ai bel et bien abandonné l’idée d’une série de photos dans des paysages enneigés, un poids s’est enlevé de mes épaules.

Mais il ne peut pas s’agir que de cela. D’une certaine manière, j’ai également acquis la confiance nécessaire pour m’accrocher à la vie, aussi tortueux fût le chemin, aussi grands fussent l’égarement, la confusion et la peur que j’ai pu ressentir à certains moments. La mort semble de plus en plus lointaine. Et plus que la mort, la crainte de perdre le contrôle. Peut-être que le renoncement conscient au contrôle est l’expression ultime de la foi en la vie.

Je passe chercher le modèle pour ce shooting à la gare de Dunkerque. La plage où nous devons prendre les photos n’est qu’à quelques minutes de là. Il fait très beau, mais le soleil ne pose pas trop de problèmes. Le sable agit comme un réflecteur naturel. Il évite les ombres trop dures, et malgré la lumière vive, l’image s’inscrit tout de même dans la série en termes de contraste et de palette.

Nous prenons des clichés près d’un bunker transformé en œuvre d’art. Un artiste a passé des mois à coller des morceaux de miroir dessus pour lui permettre d’adopter la couleur de son environnement : le jaune doré du sable, l’azur du ciel, le bleu-vert de la mer et le vert-jaune de l’herbe. C’est le premier endroit où je découvre que non seulement la nature mais aussi l’homme cherchent à effacer les traces du passé. Quelque chose de terrible s’est produit ici. Une ou deux générations plus tard, un artiste a pris le contrôle, s’est approprié les vestiges et les a modifiés de manière à dissimuler l’horreur. Et si nous regardons d’assez près, nous ne voyons que notre reflet. L’art est aussi une façon de vivre avec l’insupportable.

Des baigneurs se sont plaints de la nudité de mon modèle, et on nous a demandé de partir. Nous continuons vers le nord à travers les dunes. Le ciel se couvre et le tonnerre commence à gronder. Ce n’est pas franchement l’idéal pour une séance photo sur la plage, mais la lumière devient théâtrale. Nous nous sommes tellement éloignés que la plage est maintenant presque vide. Au loin, un bunker gît dans le sable, tel une relique des temps passés. Une vision postapocalyptique. C’est ici que je prends la photo.

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