Day 26 - Part 3

English

It is still early in the morning.  I have just left Verdun, going towards the battlefields in the forest to the east of the town.  There has been a sharp frost the night before.  It is the day I was speaking about before.  The day that even the trees were frozen from top to toe.  I need to work hard to de-ice the windows.  When you reach the edge of the town, you drive up the bare hills in a few sweeping bends.  The sun is still low in the sky and the view is stunning on this clear day.  High up the hill, the forest begins.

In the middle of the battlefields, and at the top of the Douaumont Necropolis, lies the Douaumont Ossuary, where soldiers from both sides found their final resting place.  In order to make this place possible, explosives first had to be removed from the ground and all the craters had to be filled in.  Most of the surrounding area is forested.  At the foot of the necropolis, on the opposite side of the road from Froideterre to Fort Douaumont, there is however still an area of wasteland, without trees, where the craters are still visible.

There is no more peaceful time than the moment when the sun is low on the horizon, a clear blue sky promises a relaxed day and the day is still so young that no unfortunate moment has been able to cast a shadow over its course.Deep colours become visible on the world behind me and the sun is now almost blasting the ice from the trees.In front of me, the frozen dew gives each blade of grass a small aura in the backlight.The craters look like gentle hills that are rippling in the landscape and in this form are erasing an unimaginably gruesome past from our consciousness. Between the ice-cold grass and the heart-warming sun, we are primarily seeking ways of forgetting how lost we feel.In order to protect our heart, we need to close our eyes to what is really taking place behind the backdrop.

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French

Je quitte Verdun à l’aube, en direction des champs de bataille situés dans la forêt à l’est de la ville. Il a fortement gelé dans la nuit. C’est le jour dont je parlais plus tôt. Ce fameux jour où même les arbres étaient transis de la cime aux racines. J’ai dû m’acharner pour dégivrer les vitres. Une fois à la lisière de la ville, il me faut remonter les collines dénudées en quelques virages serrés. Le soleil est encore bas, et la vue est magnifique en cette belle journée. Au sommet de la colline, la forêt se déploie.

Au milieu des champs de bataille, et au sommet de la nécropole de Douaumont, se trouve l’ossuaire de la commune, dernière demeure des soldats des deux camps. Pour pouvoir aménager cet endroit, il a d’abord fallu débarrasser le sol des explosifs et combler tous les cratères. Les environs sont majoritairement boisés. Au pied de la nécropole, de l’autre côté de la route de Froideterre menant au fort de Douaumont, subsiste une zone de terrain vague dépourvue d’arbres, où les cratères sont encore visibles.

Il n’y a pas de moment plus paisible que celui où le soleil est bas sur l’horizon, où le ciel bleu clair promet une journée de détente, et où le jour est encore si jeune qu’aucun malheur n’est parvenu à assombrir son cours. Le décor derrière moi revêt des couleurs profondes ; le soleil fait presque fondre le givre des arbres. Dans le contre-jour, j’ai l’impression que la rosée blanche nimbe chaque brin d’herbe d’une petite aura. Les cratères ressemblent à de douces collines qui ondulent dans le paysage, ôtant de notre conscience un passé chargé d’une horreur inimaginable. Entre l’herbe gelée et le soleil qui réchauffe le cœur, nous cherchons surtout à oublier le sentiment de désarroi qui nous assaille. Pour nous protéger, nous devons fermer les yeux sur ce qui s’est réellement joué en coulisses.

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